Actions préventives

COMMUNAUTE D’AGGLOMERATION DU PAYS DE FONTAINEBLEAU (CAPF)

Intercommunalité

La CAPF reçoit en 2024 le « Trophée ZÉRO PHYT’Eau ». Depuis 2017, la collectivité n’utilise plus de produits phytosanitaires, notamment sur les espaces sportifs. Sirine Soussi, chargée de mission Plan Climat Air Energie Territorial et Olivier Decaesteker, agent technique au Stade Mahut, expliquent cette démarche.

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Quels équipements sportifs entretenez-vous ?

Lors de sa création au 1er janvier 2017, la CAPF a hérité de la compétence « construction, aménagement et gestion d’équipements sportifs et culturels ».

Cela comprend notamment des terrains de football et de rugby :

  • Des terrains engazonnés : 3 terrains au stade Mahut (1 terrain d’honneur de football en herbe, 1 terrain de football en herbe, 1 terrain d’honneur rugby en herbe), le terrain d’honneur à Chailly-en-Bière et les terrains de football d'Achères-le-Forêt et de Perthes-en-Gâtinais, le terrain de rugby au complexe sportif Pierre de Coubertin à Vulaines,
  • Des terrains en synthétique : 2 terrains synthétiques au stade Mahut, 3 terrains de football au stade Benjamin Gonzo à Avon, et 1 terrain synthétique de grands jeux au complexe sportif Pierre de Coubertin,
  • Des terrains en stabilisé : une nouvelle acquisition au stade de Foucherolles, à Bois-le-Roi.

La CAPF a également la charge de nombreux autres équipements sportifs :

  • Des courts de tennis : 11 courts du stade Mahut (dont 6 couverts), 5 courts de tennis dont 1 couvert au complexe sportif Paul de Coubertin, 2 courts extérieurs et un couvert au complexe André Poirier à Bourron-Marlotte, et 3 courts de tennis au Vaudoué,
  • Des gymnases, dojos, salles cardio et multisports… au complexe André Poirier, au complexe sportif François Combourieu
  • Des pistes d’athlétisme au stade Mahut et au complexe sportif Pierre de Coubertin
  • Un skate parc au complexe sportif Pierre de Coubertin
  • La piscine de la Faisanderie à Fontainebleau, avec un parc arboré et des aires de jeux pour les enfants
  • Le stade équestre du Grand Parquet à Fontainebleau, avec un terrain d’honneur en herbe, 5 carrières en sable, un gué, des chemins équestres, des zones boisée, un village des exposants…
  • Le port de Valvins, avec 5 pontons, une rampe de mise à l’eau,
  • La base nautique de la Magdeleine

Par exemple, au stade Mahut, en plus des terrains de football et de rugby, et des courts de tennis, on trouve :

  • une piste d’athlétisme,
  • un pas de tir à l’arc,
  • des aires de sauts et lancers (marteau, disque, poids)
  • 3 terrains de basketball,
  • 2 terrains de handball

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Quels autres types d’espaces entretenez-vous ?

En plus des équipements sportifs, la CAPF est responsable de l’entretien d’autres sites :

  • Le centre de loisirs de Cely, avec son parc arboré,
  • Le patrimoine lié à la gestion de l’eau et de l’assainissement : châteaux d’eaux, stations d’épurations, forages d’eau potable, champs captants, et espaces verts associés,
  • 3 maisons forestières, avec l’entretien de leurs abords
  • 9 zones d’activités
  • Les abords de la gare de Fontainebleau-Avon et de la gare routière de Pertes.

Sur ces espaces, l’entretien par nos équipes est relativement extensif, avec, selon le site, des tontes et/ou des fauches des espaces enherbés.

L’entretien des zones d’activité est principalement déléguée aux communes concernées. L’entretien du patrimoine de la gestion de l’eau et de l’assainissement est fait par les délégataires responsables de la gestion de ces sites. Des prestataires interviennent sur certains espaces verts, comme aux abords des gares, pour de la tonte. Ces entreprises n’utilisent pas de produit phytosanitaire et nous leur avons demandé de s’engager à maintenir cette pratique dans le cadre de notre candidature au Trophée ZÉRO PHYT’Eau.

Votre collectivité a reçu le Trophée ZÉRO PHYT’Eau en 2024. Depuis combien de temps entretenez-vous vos espaces sans produit phytosanitaire ?

Nous n’utilisons plus de produits phytosanitaires depuis 2017.

 

Le Trophée ZÉRO PHYT’Eau a été remis le 19 novembre 2024 à Françoise Bichon-Lhermitte, Conseillère communautaure, en présence de Béatrice RUCHETON (Vice-présidente du Département de Seine-et-Marne en charge de l’environnement) et Jean-Marc CHANUSSOT (Conseiller départemental délégué à l’eau et à l’assainissement).

Quelles techniques alternatives au désherbage chimique avez-vous mises en place, en particulier sur les terrains sportifs enherbés ?

Pour les terrains engazonnés, nous utilisons un peigne à gazon (qui a fait l’objet d’une subvention du Département) pour le désherbage et le défeutrage du gazon, et nous faisons un semis de regarnissage immédiatement après le passage du peigne pour éviter de laisser des espaces libres qui pourraient être colonisés par des plantes indésirables.

Nous avons aussi remonté notre hauteur de tonte, en passant d’une hauteur de deux centimètres à quatre centimètres. Ceci permet au gazon d’être plus résistant, et plus concurrentiel vis-à-vis de la végétation spontanée.

Pour prévenir les maladies du gazon, il est important de bien maîtriser l’arrosage et la fertilisation. Nous faisons des apports de matière organique deux fois par an (au printemps et à l’automne) en nous basant sur des analyses de sol faites tous les 2-3 ans pour bien raisonner nos apports. Si le gazon est en bonne santé, il est plus résistant aux agressions. Nous prévoyons d’acheter des pluviomètres pour être encore plus précis dans notre arrosage.

Il y aussi un certain niveau de tolérance à avoir. Par exemple après le passage du peigne à gazon, il reste quand même un peu de trèfle, qui peut être éliminé en quelques mois. Les utilisateurs ne le remarquent pas forcément.

Un de nos terrains de football enherbés au stade Mahut est aménagé sur un support en pouzzolane, un sol pauvre qui rend le gazon sensible à la maladie du fil rouge. Ceci est aussi lié au fait que le terrain a été installé sur un ancien terrain stabilisé, formant une couche autrefois imperméable à une vingtaine de centimètres de profondeur ; l’entretien du sol et en particulier des décompactages réguliers ont permis de casser cette couche imperméable et permettent d’améliorer la situation sur le long terme. Malgré tout, la maladie du fil rouge est souvent présente en août. Cependant, sa présence reste contenue. Elle se résorbe et le gazon repart en septembre. Nous avons appris à accepter la présence maîtrisée de la maladie en été.

Quels autres espaces demandent un entretien particulier ?

Au stade Mahut, les aires de lancer de disque et de marteau représentent de grandes surfaces qui ont tendance à s’enherber. Nous avons d’abord essayé le désherbage thermique, mais c’était trop chronophage pour une surface de cette taille (6500 m² environ). Nous utilisons maintenant notre peigne à gazon muni d’une option de désherbage mécanique. Nous passons en particulier avant les compétitions. La présence d’un peu de végétation n’est pas gênant pour le sport au quotidien, tant que les marques laissées par les poids et marteaux restent bien visibles.

La périphérie des terrains de sport synthétiques est difficile à entretenir. Les terrains eux-mêmes sont entretenus par brossage, mais l’herbe s’installe sur la périphérie, en s’encrant dans le gazon synthétique. Nous avons testé une brosse rotative, mais cela n’était pas suffisamment efficace. Actuellement, nous sommes obligés de désherber manuellement. Un nouveau terrain synthétique sur sable a été inauguré en novembre 2024. Nous verrons comment il se comporte en comparaison du terrain sur billes de pneu que nous entretenons déjà pour ajuster nos pratiques.

Face à la présence de chenilles processionnaires au port de Valvins et au stade Mahut, nous avons installé des pièges de descente. La biodiversité présente au stade Mahut (oiseaux, chauve-souris) permet aussi de réduire la présence des chenilles.

Quelle communication avez-vous faite aux habitants et aux clubs sportifs ?

Au début, nous n’avons pas fait de communication particulière auprès des usagers. Les délais d’entrée liés à l’utilisation de produits phytosanitaires étaient très mal vécus, de ce fait l’arrêt des traitements a été bien accepté.

Pour ce qui est de la gestion de la fréquentation des terrains, c’est un enjeu essentiel pour la qualité de ceux-ci.

Par exemple, au stade Mahut, la plaine de jeux est un terrain de rugby d’entraînement très fréquenté, notamment par les écoles. Malgré le choix d’un gazon assez résistant en fétuque élevé, le gazon souffre de cette fréquentation. Le gazon se densifie à nouveau en été, hors période scolaire.

Pour les terrains d’honneur de football et de rugby, nous respectons un nombre maximum d’heures de jouabilité. La réalisation de plannings et d’un système de réservations permet de maîtriser la fréquentation.

Depuis l’année dernière, nous communiquons sur nos actions en faveur de la biodiversité et sur le zéro phyto via la lettre d’information de l’agglomération et sur les réseaux sociaux. Nous avons aussi une nouvelle page sur la biodiversité sur notre site internet.

L’obtention du Trophée ZÉRO PHYT’Eau nous a permis d’obtenir gratuitement trois panneaux pour communiquer sur cette action, et nous avons commandé des panneaux supplémentaires, soit vingt panneaux en tout. 

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Vous évoquez la mise en place de la gestion différenciée. Le passage au zéro phyto s’inscrit donc dans une démarche plus globale ?

En effet, nous avons été labellisés en 2024 comme « territoire engagé pour la nature ». Le zéro phyto et la gestion différenciée font partie de cette démarche.

Nous sommes en train de mettre en place la gestion différenciée sur les abords des espaces sportifs, et le stade Mahut a été choisi comme site pilote pour cela. Par la suite, cette approche pourra être élargie à d’autres sites, en particulier au complexe sportif Pierre de Coubertin.

En effet, au stade Mahut, un agent technique spécialisé dans la gestion des abords, Kevin Giroux, a déjà mis en place des zones de fauche tardive. De plus, la préservation du taillis dans une zone forestière non accessible au public offre un refuge aux espèces animales locales, comme les lapins et les renards.

Cet agent a réalisé des premiers inventaires de biodiversité en s’appuyant sur l’application naturaliste seek.

Une formation par Seine-et-Marne Environnement sur la gestion différenciée a été organisée à partir du 7 novembre 2024 (sur 3 matinées). Elle s’adresse aux agents techniques de la CAPF et des communes de l’agglomération ainsi qu’aux élus volontaires.

Par ailleurs, la CAPF souhaite privilégier les espèces locales. C’est déjà le cas au stade Mahut, qui est situé sur le territoire de la forêt de Fontainebleau : le choix des plantations se fait avec l’Office National des Forêts. Le choix s’oriente sur des espèces locales, tout en anticipant les conséquences du changement climatique. Ainsi, le chêne pédonculé (Quercus robur) souffre de la sécheresse. Les choix des plantations s’orientent donc plutôt vers des espèces locales tolérant mieux la sécheresse, comme le chêne sessile (Quercus petraea), mais aussi des espèces actuellement implantées dans sud de la France et de l’Europe, comme le chêne des Pyrénées (Quercus pyrenaica), le chêne chevelu (Quescus cerris), et le chêne vert (Quercus ilex).

La communication auprès du grand public est un enjeu important, car les usagers sont moins habitués à voir ce type de gestion à proximité des équipements sportifs que dans les parcs.

Cette démarche est aussi prise en compte dans le PLUi en cours d’élaboration.

La CAPF souhaite aussi être exemplaire sur sa gestion des eaux pluviales.

Ainsi un bassin d’infiltration a été créé au complexe sportif Pierre de Coubertin à Vulaines.

Plusieurs récupérateurs d’eau de pluie ont été installés :

  • Deux récupérateurs seront installés au niveau des pas de tir à l’arc au Stade Mahut. Cette action a été lauréate au budget participatif francilien cette année. L’eau servira aux associations pour l’arrosage des espaces verts,
  • Un récupérateur a été installé à Cély pour l’arrosage d’un potager créé avec les enfants du centre de loisirs.

Quels conseils donneriez-vous à une collectivité pour atteindre le zéro phyto sur ses espaces sportifs ?

C’est un vrai changement de méthode de travail. Avant, tout reposait sur l’utilisation de produits chimiques. Avec le zéro phyto, le métier devient plus technique, ce qui peut être une source de satisfaction.

C’est pourquoi une formation des agents concernés est utile.

Par exemple, nous avons eu un problème de larves de hannetons présentes dans le sol du terrain de rugby. Elles attiraient les corbeaux qui abîmaient le terrain pour s’en nourrir. Nous avons utilisé des nématodes (des vers microscopiques dont certaines espèces s’attaquent aux larves de hannetons) comme technique de lutte biologique. Ce sont des êtres vivants qui doivent être maniés avec précaution : il faut les mettre au frigo quand on les reçoit, les déposer sur un sol assez humide à une température de 25°C environ… Cela demande un peu de technicité.

Le passage au zéro phyto demande aussi un changement de regard, et d’être plus tolérant à la présence maîtrisée de végétation spontanée.

D’un point de vue technique, nous recommandons aux collectivités :

  • D’investir dans une bonne regarnisseuse, et de faire des regarnissages réguliers, environ tous les deux mois, et après tout travail du sol (utilisation d’un peigne à gazon, scarification, aération…),
  • De veiller à un bon entretien des lames des tondeuses, et de les nettoyer après chaque tonte pour éviter la propagation des maladies,
  • De gérer finement l’arrosage,
  • D’adapter la fertilisation aux besoins du gazon en utilisant des engrais organiques, des biostimulants, des oligoéléments… sachant que cela peut être coûteux.

Il est aussi important d’expliquer la démarche au public. Comme dit précédemment, le fait que l’utilisation des produits phytosanitaires entraînait une fermeture des terrains traités a été un argument en faveur du zéro phyto pour nos usagers.

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