Assainissement

La filière de compostage de boues résiduaires urbaines est-elle menacée ?

Vue générale de la STEP de Coubert
© MG SATESE
L’évolution de la réglementation relative à l’économie circulaire pourrait remettre en cause les filières de compostage ou de méthanisation des boues, puisque le mélange des boues et des biodéchets, et tout particulièrement des déchets verts, ne serait plus autorisé, et ceci en application stricte de la directive Européenne sur les déchets.

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Etat des lieux et enjeux en Seine-et-Marne.

Pour fabriquer du compost, il est nécessaire d’intégrer un structurant organique en mélange aux boues, afin de permettre l’aération forcée ou naturelle des andains. Cette phase clé du procédé va induire une transformation physique et biologique de la boue (montée en température, séchage, humification…). Le plus souvent, les déchets verts utilisés proviennent des collectivités locales ou des sociétés d’entretien des espaces verts, qui trouvent ainsi une solution d’élimination peu onéreuse  à leurs déchets. Il s’agit de l’application concrète de l’économie circulaire vertueuse, tant sur le plan économique qu’environnemental.  L’interdiction potentielle d’un mélange entre boues d’épuration urbaine et bio-déchets pose donc question.

Le compostage des boues, qui s’est développé à partir de 2008 sur le territoire de la Seine-et-Marne, est devenu une filière de traitement des boues à part entière. En 2018, environ 4000 tonnes de matière sèche de boues, soit 22% des boues d’épuration urbaines produites en Seine-et-Marne, ont été compostées avant d’être in fine épandues en agriculture. Le développement de cette filière de traitement a permis, entre autres, le respect de la réglementation relative à l’épandage des boues, qui limitait drastiquement les durées de stockage en bout de parcelles. Les unités de compostage sont réparties de manière équilibrée  sur le  territoire départemental et participent à la vie économique locale, les projets étant souvent réalisés en partenariat entre des agriculteurs (investisseurs et exploitants) et des sociétés privées spécialisées dans le recyclage de la matière organique (conception, suivi technique et administratif, et commercialisation des composts). 
 

Cette filière présente de vrais atouts, dont les principaux sont les suivants :

  • Norme  NFU 44-095 d’application obligatoire permettant de bien cadrer les objectifs en matière de qualité du produit, celui-ci conservant son statut de déchets mais sans obligation de plan d’épandage
  • Retour au sol de matières fertilisantes comme le phosphore, dont les réserves naturelles sont limitées
  • Bonne valeur agronomique du produit avec notamment l’apport en humus stable, facteur très bénéfique pour la vie des sols
  • Hygiénisation du produit avec possibilité d’une utilisation en maraîchage, caractère particulièrement recherché dans le cadre de la lutte contre la propagation de virus (dernier exemple en date, le COVID19)
  • Meilleure acceptation du produit par les riverains et les agriculteurs (absence de nuisances, produit structuré facilitant le stockage et l’épandage). 

Pour éviter cette nouvelle orientation réglementaire défavorable au recyclage des boues, des actions sont menées par tous les acteurs de l’eau (associations d’élus et professionnels), ainsi que des Sénateurs, qui ont proposé un amendement à la loi « Economie circulaire » pour défendre le compostage. En contrepartie, il pourrait être proposé un renforcement de la traçabilité du compostage sur site et à la parcelle.

Compostage de boues en Seine-et-Marne (2018)

Chiffres clés

  • 22 % de la production totale traités sur un site de compostage, soit plus de 20 000 tonnes de produit brut
  • 13 plateformes concernées dont 6 situées sur le département
  • 75 % des boues compostées sur des plateformes seine-et-marnaises, le reste étant traité sur des plateformes extra-départementales
  • 100 % des composts valorisés à proximité du site de production